Boussagues apparait au Haut Moyen Âge

Le plus ancien texte date de 1117, quand Déodat se soumit, en donnant son château en alleu à Bernard Aton Trencavel, vicomte de Béziers, puissant seigneurs proches des comtes de Catalogne et de Toulouse. Le château est le Castellas ou Château hau avec son donjon dominant. Progressivement, les seigneurs de Boussagues, vite barons, possèdent des terres des deux rives de l’Orb et sur la vallée de la Mare jusque Saint Gervais. Boussagues compta très vite un deuxième château : la tour de Patau devenue maintenant le château bas Le Château bas érigé en résidence seigneuriale ( domus nova  et castrum novum), complétant le caput castri,.

Les richesses minières (plomb argentifère) octroyèrent aux barons de Boussagues des revenus considérables et leur permirent d’asseoir leur puissance, même si des partages furent décidés avec d’autres puissants de la vallée. Ainsi un partage de 1164 entre l’abbé de Villemagne et le seigneur de Faugères répartit les revenu miniers et juridictionnels.) Les Boussagues investirent dans les exploitations minières locales et contrôlaient toutes les transactions foncières en percevant les impôts. Le gisement s’étend de la montagne dominant Boussagues (le Mont Coudoure) jusqu’à Taussac de l’autre côté de la Mare, et on compte plus de cinquante points d’extraction dans la zone. Ils investirent dans le développement du bourg médiéval en édifiant plusieurs niveaux de fortifications. La gestion du bourg était dévolu à 3 consuls élus annuellement avec une vingtaine d’habitants responsables de tâches communes :

nettoyage des ruelles, éclairages publics, éclairages de l’église, de mines et pierriers. Dès 1218, l’extension du village est confirmée.

En 1301, un recensement dénombra 212 « feux », soit plus de 1000 personnes, puis en 1348 245 feux ! A ce moment, le charbon, carbo di peira, remplace l’argent comme source de richesse, mais aussi source d’énergie.   L’église de la Trinité est construite, à l’extérieur des murs, vers 1310/1320 après que 2 évêques de Lodève étaient des Boussagues. Le cimetière attenant laisse penser à une chapelle funéraire, avec des entrées latérales uniquement.

En 1364, les Consuls, l’essentiel de l’administration communale, furent élus par 115 hommes réunis dans la cour du château, une moitié supplémentaire n’ayant pas participé au vote.

Boussagues était devenu archiprêtré du diocèse de Béziers, le seul pour la haute vallée de l’Orb. Elle le resta jusqu’à la Révolution. Au XVIIème encore, environ 80 églises et chapelles répondaient à l’archiprêtre de Boussagues.

Pas moins de 4 événements stoppèrent l’essor de Boussagues à partir du milieu du XIVème siècle.  Les épidémies, l’affaiblissement du pouvoir féodal, les scories de la Guerre de Cent ans et un « petit âge glaciaire ».

Les épidémies firent chuter la population : le nombre de « feux » chuta à 62 en 1377, puis 26 en 1380, avant de remonter au-dessus d’une centaine quelques années plus tard. Signe d’une certaine aisance, vers 1410, au centre de Boussagues, se dressait un hôtel dont la salle du second étage, pourvue d’une grande cheminée sculptée, aujourd’hui disparue, donnait au-dessus du mur villageois par une baie à colonnettes.

L’affaiblissement du pouvoir féodal : La succession du Baron Pierre de Boussagues, mort sans postérité, vraisemblablement en 1348, mit 20 ans à être réglée. Une petite nièce Marquèse de Vailhauquès, épouse du vicomte Thézan du Poujol, hérita du domaine Boussagol. Les revenus miniers diminuèrent quand le roi de France décida en 1406 d recevoir une part des revenus du charbon. Déjà le système de coseigneurie  que connaissait Boussagues depuis ses débuts donnait lieu à d’âpres disputes entre les coseigneurs .

La Guerre de Cent ans : Une bande de mercenaires en 1364 sévit sur la vallée. Ces bandes étaient soutenues par les anglais qui attendaient d’elles qu’elles

désorganisent le royaume. Elles vivaient de rapines et pillages. Ell resta quelques années installée au castel del Inglès, au dessus du Bousquet de la Balme, sur le rive gauche de l’Orb en amont de Bédarieux.

Le « petit âge glaciaire » : le climât , sec et modéré alors, est devenu très pluvieux. De graves inondations firent changer de côté la Mare à Villemagne vers 1375.  La nef de l’église Notre Dame s’effondra . Il est vrai que ses soubassements baignaient dans une source…Elle fut reconstruite aussitôt avec la nef doublée de longueur et désaxée de l’axe du chœur. Ce climat bouleversa la vie locale et dura jusqu’au début du XVIIIème siècle.

Le déclin de Boussagues fut progressif.

Au XVème siècle, Boussagues se relevait grâce à l’activité des coseigneurs. Ceux-ci modifièrent plusieurs fois le château bas qui était le siège de leur puissance, le castellas ayant été depuis longtemps abandonné. Pendant ces temps, lLe mur villageois était régulièrement entretenu et réparé. Un texte de 1500 décrit le village : la porte Notre-Dame mène au faubourg de la Lauze, la porte de Villemagne vers la Trinité ; au nord du village se trouve le « barri de la gaubardié » (où subsiste une maison du XIIIe siècle) accessible par une porte et une poterne. Le réseau des voies comme la rue droite, la rue des chaudronniers ou la rue « bombacul », ou simples andrones, est par endroit couvert par des habitations. Les toits sont de lauzes ( ardoise grossière locale), avec, çà et là, quelques toits de « paille ». Le terroir voit se côtoyer jardins, céréales, vignes et châtaigneraies. De nombreuses traces de ces époques nous sont parvenues (fenêtres, ruelles).

Les jeux d’héritage et des alliances firent qu’une partie des fiefs changea des mains mais aussi tomba dans les mains du pouvoir religieux : le chapitre de Béziers. Il retourna vite à des nobles dont les Sénégra, qui continuèrent à modifier le château bas.

Les industries textiles se développèrent dans les vallées progressivement, notamment sur Bédarieux. Les côteaux dont Boussagues perdirent progressivement de leur importance économique. La vie politique permit de modérer ce déclin : les barons de Boussagues étaient riches et puissants, l’administration de la cité était complète, bailli (ou viguier), garnison avec capitaine gouverneur, prisons, notaires, etc…. Les eigneurs de Boussagues avaient droit de basse, moyenne et haute justice !

Les guerres de religion, très vives dans la région, laissèrent peu de traces écrites sur Boussagues. L’église paroissiale, début XVIème fut même élargie.

Le début de l’exploitation industrielle du gisement de charbon juste au nord du village, accentua la marginalisation de Boussagues. La première concession de 1769, concession de Boussagues fut accordée à E. Giral  qui reversait des  redevance au Roi et au Baron , le Vicomte Thesan du Poujol. Ayant pour obligation de créer des vois de communication, il les créa vers les vallées, notamment pour approvisionner sa verrerie d’Hérépian et l’ »exportation ». Les bourgs miniers se développèrent vite et en 1791 plusieurs devinrent communes indépendantes de Boussagues : camplong, St Etienne, , puis, St Martin…L’exploitation fut très importante de la fin XIXème au milieu du XXème siècle ( Bassin de Graissessac).